6.3.09

Hommage

Si parfois je fus irritée,
C'est que ma vie ne suivait plus la route
Qu'enfant je m'étais fixée,
Pour ne pas être en déroute.
Toujours je fus, pourtant,
Au plus pressée,
Là où dans son élan,
La vie me souriait,
et sa main tendue,
avec courage, je prenais,
repoussant les heures déçues.
aujourd'hui, je vous ai quitté.
Pleurent mes amis
Et se souviennent à tout jamais
De la force de ma vie.
Là, parmi vous encore je suis,
Et je vous en remercie.

26.2.08

Feu

Petites douleurs aux écueils du monde
Des écailles hérissées qui crépitent
Quand tourne la litanie
Des pertes inconcevables.

Un rien du tout, un déjà vu
Un partagé par toute l’humanité
Un maelstrom de poche
Intime, feutré
Une solitude à affronter...

Ainsi dans le cours de la vie
S’en vont ceux qu’on a aimé...
Et le feu brûle nos nerfs
Quand nous tenons encore debout
Vivants et déchirés.

Viennent les paroles et les larmes
Le vin et les amis
Vienne la tendresse qui désarme
Et ouvre la nuit

Dans un laisser aller qui recueille
Nos êtres d’écume fragile
Pour enfin, se reposer
De tant de peine...
Et traverser
La barrière de flammes
Qui nous transforme à tout jamais.

13.12.07

Tu es venue dans ma nuit, mes rêves. Tu m'as parlé.
Je t'ai accompagnée et tu me guides à présent, avec ton amour, ta sollicitude et ton intelligence. Tu m'as fait gravir des paliers inimaginables sur l'échelle de l'évolution et mon corps tremble de ne savoir ajuster l'effet de ce que tu as insufflé à mon être, tel qu'il était, avant que tu ne me donnes cet inouï qui me fait radicalement changer...
Merci...

8.12.07

après

De toi à moi, quand tes mains dénouent la mort et nos lèvres respirent.
Quand nous accompagnons.
Quand nous tenons la barre de la vie, jusqu’au bout.
Comment ne pas s’agenouiller d’amour ?

26.11.07

Les adieux

Je n’ai sans doute plus de mots. Les regards de larmes les ont absorbés. Les gestes accablés.
Tout ce bleu en plein soleil où déferle la peine, tel un pieu.
Les rides où coule la vie.
Je n’ai que cette présence, à tout vent. Des mains sorties de ma gorge pour vous toucher.
Celle qui est partie me manque.
Et vous, qui la pleurez, vous me manquez aussi.

Je m'explique

Je m’explique à moi-même, tout d’abord, aux autres ensuite.
Aujourd’hui, j’ai fait un truc fou. En plein week-end, alors que rien ni personne, ni même ma « mission » ne m’y obligeait, j’ai été rendre visite à Mme A, qui se meurt au centre hospitalier (et non dans notre hôpital local).
Eh, la psy, elle a pas autre chose à foutre le week-end ? Un conjoint, des enfants, des amis, des loisirs ? Elle est suspecte, j’vous le dis, elle gère pas bien son rapport à la mort.
Ben, autant respecter mes émotions et mes désirs. Sinon comment voulez-vous que je sois en mesure d’accueillir cette fameuse dimension psychique chez autrui si je la dénie pour moi-même ?
Je suis venue, vous répondiez à mon toucher, à mes paroles, des vocalises.
Puis le médecin est entré et nous a décrit, à nous tous, vos enfants, vous et moi-même, ce désordre absolu en vous.
Chacun se tenait la gorge ou le cœur, en vous regardant.
La douleur était immense. Et l’amour aussi.
Je vous ai dit adieu, je savais que je ne vous reverrais plus en vie.
Je vous ai dit « je vous aime et vous accompagne, prenez la carriole... »
Vous avez bougé la main.
Je suis sortie, et j’ai pleuré.
Bien sûr, vous aller me manquer, et avant que je retourne dans la chambre 39, votre chambre, où on installera une autre personne en EHPAD, il me faudra un temps.
Et quand, enfin, j’y pénètrerais, tout reviendra de vous.
C’est à ce prix, de reconnaissance de la douleur éprouvée à la mort de quelqu’un qu’on connait intimement, qu’on ne vit pas avec des fantômes. Je pourrais faire place à cette nouvelle personne.
Vous et moi nous sommes quittées en paix.

La carriole

Des mondes ivres perlent aux cils de tes regards et s’en vont, voyageurs, dans l’orbite des sillons fredonnés du passé.
Tu dis les fleuves qui traversent et les rives qui enchantent. Tu dis la saveur charnelle de la terre, quand elle a ce goût d’espace où tu dérives, entre-deux. Tu chantonnes, « La carriole ». C’est ton air préféré.
Tu souris aux rires des enfants.
Tu te tiens sur ce quai. Tu agites un peu la main, dans un adieu mutin et tendre.
Merci.