26.11.07

Je m'explique

Je m’explique à moi-même, tout d’abord, aux autres ensuite.
Aujourd’hui, j’ai fait un truc fou. En plein week-end, alors que rien ni personne, ni même ma « mission » ne m’y obligeait, j’ai été rendre visite à Mme A, qui se meurt au centre hospitalier (et non dans notre hôpital local).
Eh, la psy, elle a pas autre chose à foutre le week-end ? Un conjoint, des enfants, des amis, des loisirs ? Elle est suspecte, j’vous le dis, elle gère pas bien son rapport à la mort.
Ben, autant respecter mes émotions et mes désirs. Sinon comment voulez-vous que je sois en mesure d’accueillir cette fameuse dimension psychique chez autrui si je la dénie pour moi-même ?
Je suis venue, vous répondiez à mon toucher, à mes paroles, des vocalises.
Puis le médecin est entré et nous a décrit, à nous tous, vos enfants, vous et moi-même, ce désordre absolu en vous.
Chacun se tenait la gorge ou le cœur, en vous regardant.
La douleur était immense. Et l’amour aussi.
Je vous ai dit adieu, je savais que je ne vous reverrais plus en vie.
Je vous ai dit « je vous aime et vous accompagne, prenez la carriole... »
Vous avez bougé la main.
Je suis sortie, et j’ai pleuré.
Bien sûr, vous aller me manquer, et avant que je retourne dans la chambre 39, votre chambre, où on installera une autre personne en EHPAD, il me faudra un temps.
Et quand, enfin, j’y pénètrerais, tout reviendra de vous.
C’est à ce prix, de reconnaissance de la douleur éprouvée à la mort de quelqu’un qu’on connait intimement, qu’on ne vit pas avec des fantômes. Je pourrais faire place à cette nouvelle personne.
Vous et moi nous sommes quittées en paix.

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